• MYSTICISME :L'amour sacré et la raison

     

    L’amour sacré et la raison.

     

    O mon cœur ! renonce un moment à ce corps fait d’argile et d’eau ; puis appelle à l’amour divin tous ceux qui vivent par le cœur ; allume le flambeau de l’âme à la lumière de l’amour ; apprends donc de ton Bien-Aimé le psaume de l’amour sacré. Dis, semblable à la chanterelle les mystères de cet amour.. Révèle ces secrets comme le rossignol qui ne peut parler notre langue ; déclame, tel David, le verset propre à ceux qui sont égarés par l’amour ; récite à ceux qui sont épris le psaume de l’amour sacré ; fais du récit de cet amour le rosaire de ceux qui aiment ; livre donc ton cœur et ton âme pour satisfaire leur désir ; consume-toi, pareil à du bois d’aloès, dans le feu de l’amour sacré ; fonds et consume-toi, pareil à la chandelle. Dans la coupe de la raison, verse le nectar de l’amour, et que ton âme en boive une seule gorgée. Lorsque l’amour est venu, rends aveugle ta raison ; par le cautère de l’amour, imprime une marque sur toi. La raison, c’est comme de l’eau ; et l’amour, c’est comme du feu : entre eux l’accord est impossible. La raison ne perçoit que le monde apparent ; mais l’amour ne perçoit que son dieu bien-aimé. La raison, c’est un passereau dans le filet de la faiblesse ; quant à l’amour, c’est le phénix qui s’élève aux pensées sublimes. La raison n’est que la préface du vaste recueil des mystères ; mais l’amour, avec élégance, en est le distique essentiel. La raison, c’est le fruit nouveau du jardin qu’est l’esprit humain ; mais l’amour, c’est la perle rare brillant dans la,, nuit comme lampe. La raison, c’est l’argent comptant au palais de la création ; mais l’amour est pour notre vie une pierre philosophale. La raison montre les dehors de tout ce qui nous environne ; mais l’amour qui est impétueux ne se soucie point de cela. On met sur la raison le froc des exigences, mais on revêt l’amour d’une robe d’honneur. La raison veut la méthode qui nous enseigne l’éloquence ; mais l’amour ne veut qu’un soupir qui mette en feu toute notre âme. Si la raison nourrit et façonne notre âme, l’amour est comme un feu qui joue avec notre âme. La raison est l’enfant ; l’amour, le maître d’œuvre : entre eux la différence est incommensurable.

    (ATTAR, Asrâr-nâmè, éd. Téhéran, 1298/1881, p. 36.)

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