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FLORILEGE : Michel Houellebecq(I)
J'ai connu plusieurs types, dans ma vie, qui voulaient devenir artistes, et qui étaient soutenus par leurs parents ; aucun n'a réussi à percer. C'est curieux, on pourrait croire que le besoin de s'exprimer, de laisser une trace dans le monde, est une force puissante ; et pourtant en général ça ne suffit pas. Ce qui marche le mieux, ce qui pousse avec la plus grande violence les gens à se dépasser, c'est encore le pur et simple besoin d'argent.
Jusqu'au bout je resterai un enfant de l'Europe, du souci et de la honte ; je n'ai aucun message d'espérance à délivrer. Pour l'Occident je n'éprouve pas de haine, tout au plus un immense mépris. Je sais seulement que, tous autant que nous sommes, nous puons l'égoïsme, le masochisme et la mort. Nous avons créé un système dans lequel il est devenu simplement impossible de vivre ; et, de plus, nous continuons à l'exporter
... toutes les théories de la liberté, de Gide à Sartre, ne sont que des immoralismes conçus par des célibataires irresponsables.
La solution des utopistes – de Platon à Huxley, en passant par Fourier – consiste à éteindre le désir et les souffrances qui s’y rattachent en organisant sa satisfaction immédiate. A l’opposé, la société érotique-publicitaire où nous vivons s’attache à organiser le désir, à développer le désir dans des proportions inouïes, tout en maintenant la satisfaction dans le domaine de la sphère privée. Pour que la société fonctionne, il faut que le désir croisse, s’étende et dévore la vie des hommes. (p.200)
"Vous savez ce qu'affirme Comte," dit-il, "que l'humanité est composée de davantage de morts que de vivants. Eh bien j'en suis là, maintenant, je suis surtout en contact avec des morts..."
Jeunesse, beauté, force : les critères de l'amour physique sont exactement les mêmes que ceux du nazisme.
On peut travailler en solitaire pendant des années, c'est même la seule manière de travailler à vrai dire ; vient toujours un moment où l'ont éprouve le besoin de montrer son travail au monde, moins pour recueillir son jugement que pour se rassurer soi-même sur l'existence de ce travail, et même sur son existence propre, au sein d'une espèce sociale l'individualité n'est qu'une fiction brève.
Mais je ne comprends pas, concrètement, comment les gens arrivent à vivre. J'ai l'impression que tout le monde devrait être malheureux; vous comprenez, nous vivons dans un monde tellement simple. Il y a un système basé sur la domination, l'argent et la peur - un système plutôt masculin, appelons-le Mars; il y a un système féminin basé sur la séduction et le sexe, appelons-le Vénus. Et c'est tout. Est-il vraiment possible de vivre et de croire qu'il n'y a rien d'autre ?
Extension du domaine de la lutte
Michel Houellebecq est un écrivain français. Poète, essayiste, romancier et réalisateur,
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Commentaires
*Harmonie
Moi non plus je n'ai pas de prétention quelconque
Merci pour vos mots sincères
Poétiquement
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J'ai parcouru votre blog. Je partage vos analyses sur l'homme et le monde en général... Merci de votre passage sur mon site. Je n'ai aucune prétention littéraire, je fonctionne aux émotions, essayant de les transmettre comme je peux...
Pour un monde meilleur reste mon utopie assumée.
Pensées poétiques.